Giuseppe Penone (né en 1947)
Fils d’eau, 1998

Giuseppe Penone © Alexis Guilhem
  • Giuseppe Penone
  • Fils d’eau, 1998.
  • Bronze, 410 x 320 cm

Giuseppe Penone et l’Arte povera

Né à Garessio en 1947, Giuseppe Penone est le dernier arrivé dans le groupe de l’Arte povera, qui réunit, à la fin des années 1960, douze artistes italiens (Giovanni Anselmo, Alighiero e Boetti, Pier Paolo Calzolari, Luciano Fabro, Jannis Kounellis, Mario Merz, Marisa Merz, Giulio Paolini, Pino Pascali, Giuseppe Penone, Michelangelo Pistoletto et Gilberto Zorio).

L’Arte povera est mouvement contestataire, qui se définit contre la société de consommation et la commercialisation excessive de l’art. Les artistes du groupe renoncent ainsi à la dépendance du marché et des institutions culturelles, et privilégient la richesse théorique et l’utilisation de matériaux naturels, dits « pauvres », tels que le bois, la terre, les chiffons et vêtements usés, les éléments végétaux ou minéraux. Au sein de ce groupe, Penone, fils d’agriculteurs et originaire d’une région riche de beautés naturelles, est particulièrement sensible aux cycles des saisons et de la vie des espèces végétales.

La poésie des arbres

C’est aussi un artiste essentiel qui questionne le rapport de l’homme avec son environnement. Il sculpte la matière vivante, notamment les troncs d’arbres, et les associe à des moulages de bronze, où l’art se confond avec la vie. Selon lui, « l’arbre est une matière fluide, qui peut être modelée. Le vecteur principal est le temps » (Entretien avec Giuseppe Penone, par Catherine Grenier et Annalisa Rimmaudo in Giuseppe Penone, Éditions du Centre Pompidou, 2004).

Son travail sur la croissance des arbres n’a aucunement pour objectif d’exalter les vertus de la vitesse, comme le feraient les artistes futuristes, mais au contraire de souligner le temps long du monde végétal, et la capacité de l’homme à y laisser son empreinte. L’œuvre déposée au musée des impressionnismes Giverny, Fils d’eau, se lit ainsi comme une allégorie du cycle de la nature, notamment par l’écoulement de l’eau le long des branches. Elle tisse aussi un lien avec un chêne vivant qui vient s’enrouler, progressivement et au gré de sa croissance, autour de l’écorce creuse du bronze.

L’art contemporain s’invite dans les jardins du musée

Placé à l’entrée de l’établissement, à côté d’un poirier centenaire, Fils d’eau permet d’évoquer un nouveau dialogue entre l’art contemporain et le jardin du musée. Avec cette sculpture majestueuse, généreusement déposée par la collection Claudine et Jean-Marc Salomon en 2020, le musée poursuit son invitation à des artistes contemporains, et interroge le public sur le processus créateur. À cette première œuvre d’art placée dans les jardins se sont récemment ajoutées deux créations d’Eva Jospin, qui entrent en résonnance avec le bronze de Penone par leur lien intime avec leur environnement, habité d’arbres et d’espèces végétales.