Peintre néo-impressionniste et marin averti, Paul Signac trouva une inspiration constante dans l’évocation de l’eau et de ses couleurs.

L’avènement du néo-impressionnisme

C’est la visite de la première exposition monographique de Claude Monet, en juin 1880, qui décide de la vocation de peintre du jeune Paul Signac. Il commence à peindre, en autodidacte, dès l’année suivante. À la même époque, il s’initie au canotage sur la Seine, à bord d’une périssoire baptisée Manet-Zola-Wagner. La navigation sera, après la peinture, sa grande passion.

En 1884, Signac expose au premier Salon des artistes indépendants. Il y fait la connaissance de Georges Seurat, avec qui il partage une admiration profonde pour Eugène Delacroix et un intérêt soutenu pour les ouvrages scientifiques traitant de la perception des couleurs. Ils initient un nouveau style de peinture basé sur la division des tons, qui prendra le nom de néo-impressionnisme.

Par l’intermédiaire d’Armand Guillaumin, Signac rencontre Camille Pissarro, grâce auquel Seurat et lui participent à la huitième et dernière exposition du groupe impressionniste, en 1886. La mort de Seurat, âgé seulement de 31 ans, en 1891, laisse Signac seul chef de file du néo-impressionnisme.

Saint-Tropez : de la lumière à la couleur

En 1892, Signac découvre Saint-Tropez où il loue puis achète une villa, La Hune. Il commence à user plus librement de la division des tons. Sa touche s’élargit et ses œuvres sont de plus en plus colorées. Il entreprend la rédaction de son journal. C’est le début d’une réflexion théorique et d’une mise en perspective du néo-impressionnisme qui aboutira à la publication d’un traité en 1899 : D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme.

Président de la Société des Artistes Indépendants, Signac devient l’une des figures majeures de la scène artistique et reçoit à La Hune de jeunes peintres, comme lui passionnés par l’expression de la couleur : Henri Matisse, Henri Manguin, Albert Marquet, Charles Camoin…

Les contraintes de leur technique ont conduit les néo-impressionnistes à renouer avec le travail en atelier. Signac prépare ses tableaux par un ensemble de dessins, d’études peintes sur le motif et de cartons préparatoires au lavis d’encre de Chine qui constituent une part importante de son œuvre. À Saint-Tropez, il se met à privilégier l’aquarelle, qui lui permet de travailler la couleur en plein air. Au cours de ses nombreux voyages, qui le conduisent dans les ports de France, à Venise, à Rotterdam, à Istanbul, il note ses impressions dans ses carnets d’aquarellistes. À partir de 1910, l’aquarelle prend définitivement le pas sur sa production peinte à l’huile.