Connu aussi sous le nom de divisionnisme ou de pointillisme, le néo-impressionnisme s’appuya sur les théories scientifiques de la couleur pour donner à la peinture une luminosité nouvelle.

Une peinture sous le signe de la modernité et de la science

En 1884, la première exposition du groupe des Artistes indépendants est organisée en guise de protestation contre les exclusions du jury du Salon officiel. Paul Signac y remarque Une Baignade à Asnières de Georges Seurat. Proche de l’impressionnisme par le thème, la toile s’en distingue par son caractère statique et monumental. Les deux jeunes peintres se lient d’amitié. En s’appuyant sur les théories scientifiques de l’époque, et en particulier sur la loi du contraste simultané des couleurs de Michel-Eugène Chevreul, ils cherchent à donner une luminosité nouvelle à leur peinture.

Grâce à Armand Guillaumin et à Camille Pissarro, qui s’intéressent à leurs recherches, ils sont invités à exposer, en 1886, à la huitième et dernière exposition du groupe impressionniste. Seurat y montre Un Dimanche à la Grande Jatte. Sa technique a évolué et est désormais fondée sur l’application régulière et ordonnée de petites touches de couleurs pures sur toute la surface de la toile. Les couleurs observées par l’artiste, et soigneusement divisées en petits points, se recomposent dans l’œil du spectateur, dans une extraordinaire vibration lumineuse. En 1886, le critique Félix Fénéon invente pour cette nouvelle peinture le terme de « néo-impressionnisme ». 

Camille Pissarro et son fils Lucien comptent parmi les néo-impressionnistes de la première heure. Ils sont vite rejoints par Maximilien Luce, Henri-Edmond Cross, Charles Angrand, Albert Dubois-Pillet, Louis Hayet… Grâce à l’accueil favorable que Seurat et Signac reçoivent au salon des XX, à Bruxelles, la Belgique devient un creuset néo-impressionniste : Anna Boch, Théo Van Rysselberghe, Georges Lemmen et William Finch adoptent la touche pointillée. Jan Toorop, un Hollandais, familier de la scène artistique belge, expérimente également cette approche scientifique de l’impressionnisme, avant d’évoluer vers le symbolisme.

Dans la lumière du Midi

Après la mort prématurée de Seurat en 1891, Paul Signac se trouve seul chef de file du projet néo-impressionniste. Son caractère affable et social contribue à faire connaître ses théories bien au-delà du cercle impressionniste. En 1899, il publie un traité théorique qui intéressera les jeunes peintres au tournant du siècle : D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme.

En 1892, Signac découvre Saint-Tropez et décide de s’installer. L’emploi de petites touches de couleur pure permet de transcrire l’éblouissement ressenti devant la lumière méditerranéenne. Il entraîne dans son sillage d’autres peintres, comme Théo Van Rysselberghe et Henri-Edmond Cross. Leur présence contribue à faire de la Côte d’Azur le terrain d’expérimentation des nouvelles générations de peintres. C’est à leur suite que de futurs peintres fauves, comme Henri Matisse et Henri Manguin, découvrent la lumière du Midi.

Visuel :
Paul Signac (1863-1935), Étude Port-en-Bessin (étude n°5, l’avant-port), juillet-août 1882
Huile sur toile, 32 x 55,5 cm. Giverny, musée des impressionnismes, don de Charlotte Hellman Cachin, 2019, MDIG 2019.2.1
© Giverny, musée des impressionnismes / photo : Jean-Charles Louiset