Artiste engagé aux multiples talents, Maximilien Luce fut l’une des personnalités les plus stimulantes du néo-impressionnisme.

Néo-impressionniste et anarchiste

À 14 ans, Maximilien Luce entre en apprentissage chez un graveur sur bois et suit des cours du soir dans une école de dessin. Devenu ouvrier-graveur, il fréquente l’académie Suisse et le célèbre atelier de Carolus-Duran. 

En 1887, Luce expose au Salon de la Société des artistes indépendants et fait la connaissance des néo-impressionnistes Camille Pissarro, George Seurat et Paul Signac. Il adopte alors la division des tons et déploie des harmonies chromatiques rares dans ses représentations du monde ouvrier et ses paysages aux ambiances souvent nocturnes. A partir de 1897, il renoncera progressivement au néo-impressionnisme et se tournera vers un traitement plus libre, presque fauve, de la couleur.

Après l’attentat qui coûte la vie au président Sadi Carnot en 1894, les convictions anarchistes que Luce partage avec l’ensemble de ses amis néo-impressionnistes lui valent d’être arrêté et incarcéré. En prison, il retrouve le critique d’art Félix Fénéon, inculpé dans le Procès des Trente. Il est relâché le 17 août, faute d’éléments sérieux contre lui.

Peintre du travail et de l’histoire

En octobre 1895, Luce se rend pour la première fois à Bruxelles, puis à Charleroi, où il découvre une région métamorphosée par l’industrie. Il élabore une série profondément originale sur le Pays noir, où il capte, sans sentimentalisme, la poésie puissante de cet univers de travail, de vapeur et de métal en fusion.

À Paris, il décrit le vaste chantier de la ville : la poursuite des travaux engagés par le préfet Haussmann, les expositions universelles de 1889 et 1900, la construction du métro. Il privilégie les scènes de plein air, les couleurs franches, la géométrie vertigineuse des échafaudages. Dans ses tableaux, Luce peint la dignité de l’effort des ouvriers des chantiers. Il réserve la dénonciation des injustices sociales aux nombreuses illustrations qu’il contribue aux revues anarchistes.

Luce se fait peintre d’histoire pour représenter, en 1903, la répression violente de la Commune par les Versaillais, à laquelle il avait assisté dans son enfance. Pendant la guerre, il choisit de montrer les gares parisiennes où se croisent les familles résignées, les blessés et les permissionnaires épuisés.

En 1917, Luce découvre Rolleboise, où il achète une maison en 1920. Il rend souvent visite à Claude Monet, en voisin. Au bord de la Seine, il trouve l’apaisement et pratique un art plus serein, renouant alors avec les thèmes de l’impressionnisme.

En 2010, le musée des impressionnismes Giverny a consacré une exposition au peintre : « Maximilien Luce, néo-impressionniste. Rétrospective ».