Le peintre nabi Pierre Bonnard, maître de la couleur et de la lumière, fut aussi le voisin et l’ami de Claude Monet.

Les années nabies

Né en 1867 à Fontenay-aux-Roses, Pierre Bonnard partage son enfance entre cette commune d’Île-de-France et la propriété familiale de Grand-Lemps, en Isère. 

En 1887, il s’inscrit à l’académie Julian, une école privée de peinture et de sculpture. Il y rencontre Paul Sérusier, Maurice Denis et Paul Ranson. Avec eux, il va former le groupe des Nabis (« prophètes » en hébreu) auquel se joindront Édouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel, dont Bonnard fait la connaissance à l’école des beaux-arts, qu’il intègre en 1889.

Fasciné par l’esthétique des estampes japonaises, dont on retrouve les lignes sinueuses et les aplats dans sa peinture et ses lithographies, Bonnard gagne le surnom de « Nabi très japonard ».

La conquête de la couleur

Au tournant du siècle, Bonnard redécouvre la nature et la couleur, après les tons sourds et les scènes urbaines de ses années nabies. Il séjourne de plus en plus souvent hors de Paris, dans la vallée de la Seine et dans le Midi. L’impressionnisme l’inspire, mais il veut aller au-delà de sa traduction directe de la nature. La couleur, selon lui, doit avant tout être un moyen d’expression.

Au mois de juin 1911, il achète Ma Roulotte, à Vernonnet, un quartier de Vernon situé à cinq kilomètres à peine de Giverny. La maison est modeste, comme le suggère son nom. Elle surplombe un grand jardin foisonnant qui descend jusqu’à la Seine. Bonnard multiplie les vues depuis la terrasse et les nombreuses ouvertures de la maison. Il représente la multitude des verts du paysage normand et lui donne parfois des teintes quasi fluorescentes.

L’amitié avec Claude Monet

Une relation d’amitié et de respect mutuel se noue entre Pierre Bonnard et Claude Monet, devenus voisins. Malgré la différence des générations, ils partagent le même intérêt pour l’art japonais, la nature et les jardins. Monet vient souvent jusqu’à Ma Roulotte en voiture, pour examiner les nouvelles toiles de Bonnard, et le reçoit régulièrement à Giverny.

Cette amitié dure jusqu’au décès de Monet, en 1926. La même année, Bonnard achète une villa au Cannet, sur la Côte d’Azur. Monet parti, il séjourne de moins en moins à Vernon. Il vend La Roulotte en 1936, et s’installe définitivement au Cannet. Il y peindra un nouveau jardin et les rituels quotidiens de son épouse Marthe, dans des accords de couleurs toujours plus audacieux.